Scouts Musulmans de France - Strasbourg

Scouts Musulmans de France - Strasbourg

Projet pédagogique

SMF STRASBOURG Eurométropole

2018-2019

 

 

 

 

 

 

 

SOMMAIRE

 

 

 

  1. Constats: besoins et demande à Strasbourg Eurométropole

  2. Les objectifs des SMF à Strasbourg Eurométropole

  3. Les actions prévues à Strasbourg dès novembre 2018

  4. Les évaluations proposées

  5. Annexes

 

 


1 Constats : besoins et demande à Strasbourg Eurométropole

 

        Tout d’abord, il convient de rappeler en guise de préambule qu’un groupe de Scouts musulmans de France (SMF) a existé à Strasbourg de 1991 à 2007, à la Meinau, dirigé alors par Ismael LHADDOUTI. Ce groupe a fermé en 2007, faute de chef de groupe susceptible de prendre la relève. Aujourd’hui, le nouveau groupe SMF a dressé un bilan de ce précédent pour éviter les écueils rencontrés à l’époque.

 

Le premier écueil que le nouveau groupe souhaite éviter est celui de l’enclavement géographique : l’association du groupe à un quartier excentré et perçu comme défavorisé n’a pas permis au groupe de brasser large, d’attirer des enfants de tout Strasbourg et d’offrir une certaine mixité sociale, culturelle et géographique. Les jeunes « du quartier » se retrouvaient chez les SMF dans le même entre soi qu’au sein du quartier.

 

Le second écueil  est le manque de chefs et le problème de leur recrutement : ce problème est propre au scoutisme et se retrouve par ailleurs dans toutes les branches actuelles. Ce problème s’est cependant vu renforcé par l’éloignement du quartier : peu de chefs extérieurs à la Meinau souhaitaient s’y impliquer.

 

Le troisième écueil est celui de l’absence de la relève : en théorie, les scouts les plus âgés (18-21 ans), forts de leur expérience, deviennent les chefs scouts des plus jeunes et la boucle est bouclée. Ici les compagnons n’aspiraient pas à devenir chefs et préféraient quitter le quartier.

 

Ainsi on constate que ces trois écueils ramènent tous plus ou moins au même élément central : il ne semble pas souhaitable qu’un groupe SMF soit identifiable à un seul quartier, surtout défavorisé : cela nuit à la pérennité du groupe et à l’efficacité de sa transmission éducative qui suppose de dépasser les logiques d’appartenances identitaires figées

 

 

 

    Par ailleurs, les particularités de la population musulmane de Strasbourg amènent à dresser plusieurs constats quant aux besoins actuels des jeunes sur différents plans aussi bien civiques, sociaux, économiques que psychologiques, individuels ou spirituels.

 

Sur le plan civique, et par échelle, on note une quasi absence de l’identification à l’appartenance européenne, un attachement plutôt faible aux valeurs républicaines, une sous-exploitation de l’offre transfrontalière strasbourgeoise et une méconnaissance du patrimoine culturel alsacien.

 

Sur le plan social, de nombreux jeunes de confession musulmane ne partent pas ou que très peu en vacances et, quand c’est le cas, essentiellement dans leur pays d’origine. Nombreux sont ceux qui vivent dans des quartiers excentrés et défavorisés qui cumulent les problèmes sociaux (chômage, précarité, marginalisation, mal logement, violence, drogue, délinquance).

 

Sur le plan culturel et identitaire, la concentration géographique et l’enclavement favorisent le repli sur soi, une identité clivée entre un là-bas idéalisé et un ici dévalorisant, des complexes d’infériorité postcoloniaux ainsi qu’un besoin profond de se réapproprier son héritage culturel d’origine et la difficulté de trouver sa place dans une société qui peine encore à valoriser les appartenances multiples.

 

Sur le plan individuel, on relève comme conséquences prévisible une estime de soi souvent fragile, une difficulté à se projeter dans l’avenir, et ce, malgré de nombreux atouts  tels que la créativité et le dynamisme.  L’esprit d’initiative est entravé par ce manque de confiance. A cela se rajoute également les difficultés à interagir sainement avec les personnes du sexe opposé.

 

Sur le plan économique et écologique, une majorité de ces jeunes vit dans une famille aux revenus moyens voire modestes parfois même précaires. Le mode de consommation est orienté vers des priorités de survie : le consumérisme est peu questionné, la consommation consciente est souvent perçue comme un luxe de classe privilégiée. L’engagement dans des démarches environnementales choisies (tri sélectif, choix d’énergie, transports alternatifs…) reste moindre.

 

Enfin sur le plan religieux et spirituel, les jeunes ont des aspirations spirituelles et religieuses certaines, inévitablement liées –au moins en partie- aux dimensions culturelles et identitaires. Certains sont plus vulnérables que d’autres face à des discours radicaux, leur esprit critique peut s’avérer fragile face aux discours catégoriques et binaires sur l’islam -souvent faute d’éducation religieuse alternative solide et humaniste. Les mosquées sont généralement tenues par des membres de la première génération d’immigration et leur posture reste globalement très théorique, voire parfois inadaptée face aux exigences concrètes d’une société contemporaine occidentale.

 

On notera pour finir que la population musulmane strasbourgeoise est nombreuse et variée dans ses origines (maghrébine, turque, tchétchène, subsaharienne…), mais aussi dans ces stades d’intégration : certains jeunes sont issus de la troisième génération d’autres arrivent tout juste. Enfin et surtout, il existe actuellement une demande importante des parents vis-à-vis de l’offre scoute : nombreux sont ceux qui souhaitent vivement y inscrire leurs enfants.

2 Les objectifs  des SMF à Strasbourg Eurométropole

 

     Pour répondre aux besoins constatés précédemment, les Scouts Musulmans de France se proposent, à Strasbourg, de fixer un certain nombre d’objectifs jugés pertinents.

 

Sur le plan civique, il s’agit de permettre aux jeunes de devenir des citoyens actifs, conscients de leurs différentes appartenances européennes, nationales, régionales et locales ainsi que de participer à la démocratie à toutes ces échelles. Evidemment, l’adhésion aux valeurs républicaines est également un objectif logiquement indissociable des précédents.

 

Sur le plan social, les SMF ont pour objectif d’emmener en camps une part significative d’enfants n’ayant habituellement pas l’opportunité de partir en vacances. De plus, ils cherchent à constituer un groupe ouvert sans condition ni de religion, ni de sexe, ni de ressources ou d’origine pour favoriser une mixité pluridimensionnelle.

 

Sur le plan culturel et identitaire, les objectifs visés sont d’amener le jeune à se réapproprier des éléments emblématiques de l’héritage culturel de la civilisation musulmane et en être fier, à s’approprier des éléments clés du patrimoine culturel et historique de ses différentes appartenances citoyennes (alsacien, français, européen), à être capable de créer des passerelles entre les cultures et à savoir s’ouvrir aux cultures des autres dans un esprit de tolérance et de fraternité universelle.

 

Sur le plan individuel, il s’agit d’amener le jeune à avoir confiance en lui, en son potentiel et en ses valeurs, à faire preuve d’initiative, de débrouillardise et de créativité, à être capable d’entreprendre des projets en tant qu’acteur et avec tous, à trouver sa façon propre de contribuer positivement à la société à laquelle il appartient. Enfin, il a idéalement développé la capacité d’interagir sainement avec les personnes de l’autre sexe et de questionner de façon critique les clichés de genre.

 

Sur le plan économique et écologique, le jeune est alors capable de développer son esprit critique face à la surconsommation et à la mondialisation sauvage, de réfléchir aux possibilités de consommation responsable. Il est amené à prendre conscience de son environnement, à investir son lien à la nature et à agir dans le sens d’un développement durable.

 

Sur le plan spirituel et religieux, les objectifs sont les suivants : vivre sa foi de façon décomplexée, apaisée et inspirante, promouvoir un islam de paix, humaniste et tolérant, contribuer aux débats spirituels et éthiques, participer à la solidarité et l’entraide entre les hommes, cultiver le vivre ensemble.

 

3 Les actions prévues à Strasbourg dès novembre 2018

 

      Pour atteindre les objectifs définis, le plan d’action des SMF Strasbourg s’organise en une superposition cohérente de plusieurs niveaux : la méthode scoute de façon générale, le projet éducatif des SMF à l’échelle nationale, la thématique particulière choisie par le groupe SMF de Strasbourg et enfin la ligne directrice définie pour chaque tranche d’âge.

 

La méthode scoute est une méthode mondiale que l’on ne présente plus tant elle a fait ses preuves : élaborée dès 1905 par Baden Powell, elle vise à développer les cinq dimensions de l’être humain (intellectuelle, spirituelle, affective, sociale et psychologique). Pour ce faire, elle utilise des éléments comme l’action, la vie en équipes et dans la nature, le jeu, la loi scoute, la promesse, etc. Le scout apprend à développer son sens de la responsabilité envers lui-même, envers les autres et envers Dieu (voir schéma en annexe).

 

Le projet éducatif des Scouts Musulmans de France adhère pleinement aux méthodes du scoutisme mondial et du scoutisme français. Il propose les mêmes objectifs et reprend la même méthode. Certains éléments propres aux défis de la communauté musulmane contemporaine sont ajoutés ou soulignés : le rejet de toute violence, de toute discrimination, le respect de l’humain, la consommation responsable et l’implication dans sa communauté.  Ainsi culture de paix et vivre ensemble sont les grands axes à retenir. Pour ce faire, un cadre symbolique propre à la spiritualité et à l’héritage culturel musulman est établi pour chaque tranche d’âge (voir tableau ci-dessous). Les jeunes progressent à leur rythme au sein de ce cadre pour développer de façon auto-éducative un ensemble de compétences évaluées ensuite par leur chef.

 

Branches Le thème Cadre symbolique
Voyageurs 7-12 ans Le voyage. la traversée des 7 royaumes. 
Eclaireurs 12-14 ans L’aventure. La traversée du désert 
Pionniers 14-17 ans La quête de soi-même. Sindbad le Marin, 
Compagnons 17-21 ans Etre témoin dans le monde. L’esprit chevaleresque : la futuwwah

 

 

 

Dans la continuité de la méthode scoute et du projet éducatif SMF national, les SMF de Strasbourg ont choisi une thématique particulière, adaptée à leur environnement et aux défis qui s’offrent à eux. Cette thématique, qui s’articule autour de la situation particulière de Strasbourg Eurométropole, transfrontalière et au cœur de l’Europe, est celle de la « multiculturalité ». Cette thématique est volontairement vaste et peut s’appliquer à toutes les échelles (intracommunautaire, européenne, nationale, locale …). Elle se décline ensuite en différentes lignes directrices pratiques, adaptées aux objectifs opérationnels de chaque tranche d’âge.

 

Le plan d’action par branches se présente de la façon suivante : chaque branche correspond à une tranche d’âge avec ses particularités de développement, s’oriente selon une ligne directrice appliquant la thématique du groupe et cible de préférence une certaine échelle.

 

 

La branche des voyageurs (7-12 ans) s’adresse à des enfants qui construisent une autonomie de base, sont dans une phase de latence pendant laquelle ce qui vient de l’adulte est généralement bien accepté : ils sont plutôt actifs, enthousiastes, réceptifs et de plus en plus à même de sociabiliser.

 

 La ligne directrice choisie pour les voyageurs de Strasbourg est la suivante : « Se découvrir et découvrir les autres ».

 

L’échelle privilégiée pour les activités, les camps et les rencontres culturelles sera l’échelle locale.

 

La branche des éclaireurs (11-14 ans) s’adresse à des jeunes préadolescents ou entrant dans l’adolescence. Ils vivent des changements importants dans leur corps et commencent à se poser de nombreuses questions. Ils développent un regard plus critique envers l’adulte, demandent plus d’autonomie et recherche la compagnie d’un petit groupe de pairs.

 

La ligne directrice choisie pour les éclaireurs de Strasbourg est la suivante : « Valoriser les différences entre les cultures »

 

L’échelle privilégiée pour les activités, les camps et les rencontres culturelles sera l’échelle nationale.

 

La branche des pionniers (14-17 ans) s’adresse à des adolescents autonomes et vivant les paradoxes de l’adolescence à plein : désir d’indépendance mais encore besoin de l’adulte, léthargie et goût du risque, image de soi en construction avec contestation de l’image parentale et besoin de modèles adultes auxquels s’identifier.

 

La ligne directrice choisie pour les pionniers de Strasbourg est la suivante : « Comment la rencontre avec l’Autre et ses différences permet-elle de se connaître soi-même et de se construire ? »

 

L’échelle privilégiée pour les activités, les camps et les rencontres sera l’échelle européenne.

 

La branche des compagnons (17-21 ans) s’adresse à de jeunes en fin d’adolescence ou de jeunes adultes, prêts à prendre leur envol. Ils sont indépendants, structurés dans leur identité, majeurs ou sur le point de l’être. Ils sont prêts à fonctionner dans une dynamique résolument constructive : donner du sens à son existence et trouver sa place d’adulte dans le monde.

 

La ligne directrice choisie pour les compagnons de Strasbourg est la suivante : « Promouvoir une culture de paix et de vivre ensemble dans le monde ».

 

L’échelle privilégiée pour les activités, les camps et les rencontres culturelles sera l’échelle mondiale.

 

4 Evaluations proposées

 

   Afin d’évaluer les objectifs atteints, différents moyens sont mis en place : des questionnaires destinés aux parents, les comptes rendus des nombreux conseils scouts ainsi que des évaluations de chaque enfant faites par les chefs.

 

Tout d’abord des questionnaires destinés aux parents permettront d’évaluer leur satisfaction, mais aussi d’adapter nos méthodes en fonction des coopérations qui se mettront en place et des retours. Leurs fichiers et les données personnelles (quotient familial, adresse, origine…) nous permettront de faire des statistiques en interne pour vérifier certains objectifs comme par exemple la mixité visée.

 

La méthode scoute inclut des consultations permanentes à toutes les échelles : conseils d’équipes ou sizaines par les jeunes, retour aux chefs, conseils des chefs (maitrise), conseils d’unités ou de groupe. Ces différents retours permettront d’évaluer l’état d’esprit des jeunes, leurs progrès, leurs résistances et l’avancée des objectifs dits pédagogiques.

 

Enfin la méthode scoute fonctionne avec des équivalents symboliques de rites de passage : faire sa promesse, obtenir un écusson, valider un royaume, devenir chef d’équipe, etc. Ces étapes permettront au chef de valider et d’évaluer la progression personnelle de chaque enfant. Grâce à ces étapes, certains objectifs opérationnels pourront être évalués : « je sais construire un projet », « je sais valoriser les compétences des filles et des garçons », « je sais travailler en équipe avec des personnes d’une religion et d’une culture différente », etc.

 

Ainsi le fonctionnement même du scoutisme, favorisant la relation adulte-jeune dans le dialogue à double sens, permet une évaluation pragmatique des objectifs pédagogiques et bien balisée des objectifs opérationnels. Dans l’absolu, il reste toujours envisageable de mettre en place d’autres outils d’évaluation si le besoin devait s’en faire sentir.

5 Annexes

 

 

Schéma de la méthode, des objectifs et des principes scouts : (source : wwwlatoilescoute.net)


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